>> Le violon
: sa consécration
Il est difficile de déterminer à
quel moment le violon est sorti de la famille des violas
da braccio. La terminologie est restée encore longtemps
hésitante et le terme viola le plus souvent pour
le soprano et pour l'alto.
Ainsi, les premiers violons de forme actuelle
apparaissent dans le premier quart du XVIe siècle
en Italie, mais les plus anciens instruments conservés
ne datent que de la fin du XVIe siècle. Au
XVIIe siècle, le violon actuel est apparu.
Il s'affirme face à la voix, grâce à
l'ampleur de la téssiture, la stabilité du
son, les contrastes de nuances; il découvre enfin
la virtuosité avec l'aide des luthiers italiens :
à Crémone, les famille des Amati, Ruggeri,
Guarneri, à Milan celle des Grancino. Dans leurs
mains les robustes modèles du siècle précédent
s'affinent, deviennent plus maniables, les tables se voûtent,
les ouies se dessinnent, la sonorité se fait plus
moelleuse.
Au terme de ces efforts, l'instrument révèle
de sa puissance expressive qui va du simple don d'imitation
- celle du chant du rossignol ou du caquetage d'une basse-cour
(Hortus Chelicus de JJ.Walter, 1694) - au langage plus subtil
des premières sonates italiennes : S.Rossi (1607),
puis B. Marini, G.B. Fontana ou G.B Bassini.
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A la fin du siècle, A.
Corelli résume ces recherches dans ses cinq
livres de sonates ( de 1681 à 1712), où la
noblesse et l'intériorité de la pensée
se coulent dans une forme claire et élégante.
Si Corelli incarne l'excellence du violon
italien, Lully est inséparable de
l'essor du violon français. Ce florentin élévé
dans notre pays, membre de la Grande Bande du Roi,
nommé à sa direction à l'âge
de vingt ans, améliore par un contrôle exigeant
la qualité de cet ensemble et crée un corps
d'élite : Les Petits Violons du Roi (1647),
qui rythme la vie du souverrain de son lever à son
coucher. L'instrument y gagne une promotion artistique et
sociale.
Au plan artistique, la qualité des interprètes
et des oeuvres s'améliore. Sonates et suites de danses
relèvent désormais de la musique savante car
leur variété est disciplinée par une
logique tonale, voire thématique.
Au plan social, le musicien de cour acquiert un certain
statut, même si de maigres gages, le port d'une livrée,
l'obligation d'assurer certains services, l'assimilation
encore à un laquais. Cette situation ambigue se traduit
de bien des manières : par une boutade : "Cet
instrument n'est pas noble en France, ... mais enfin un
homme de qualité qui s'avise de jouer ne déroge
pas." (Lecerf de la Viéville : Comparaison
de la musique italienne et française, 1704).
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